Art et Histoire - La route de la soie, Grâce Garcet

Si  route il y a, conquérants ou commerçants ou chercheurs les empruntent, nous y rencontrerons des sages et des envahisseurs. Ce qu’il faut mettre en évidence, c’est qu’elle a été parcourue par les créations de la pensée du savoir-faire et de l’imagination humaine. Des dialogues se sont noués entre peuples divers, des idées nouvelles se sont diffusées et des techniques ont été transmises .... 

  

Dans le livre d’Edith et François –Bernard Huyghe « la route de la soie ou les empires du mirage », j’ai trouvé des informations qui m’ont permis de rédiger une partie de ce travail. Si les livres d’histoire générale n’ont pas passionné mes études, car ils nous donnaient à l’époque  des informations dogmatiques, par contre les histoires, les contes, me rendaient attentive, tout comme à l’heure actuelle, car les légendes gardent leurs caractères, tandis que la traduction des faits historiques  dépend  de la politique du siècle. Mais cela c’est mon opinion et il est discutable. L’histoire c’est le passé et il est réel, c’est la manière de l’écrire qui se critique. 

  

Et le chemin débute comme ceci, premier mythe universel  :  « Alexandre, père fondateur des routes de la soie ». 

  

Bien avant lui les Rives du Tigre et de l’Euphrate grouillaient de commerçants. Bien avant lui des peuples venant de l’Est et du Nord mêlent leurs civilisations de nomades à celles des sédentaires. Il y a très longtemps un empereur aurait voyagé  de Chine jusqu’au royaume de la reine de Saba. 

  

Et si même pour l’histoire traditionnelle, la Chine ne s’ouvre au monde extérieur qu’au IIème  siècle av JC - justement  à cause de la soie - ces routes ont rempli une autre fonction : faire se rencontrer les mythes du monde entier et créer les plus surprenants mélanges. Pendant des siècles, des milliers d’hommes ont parcouru une fraction de ces réseaux, ils se sont transmis de main en main les richesses qui transitaient d’un bout à l’autre du continent. 

  

L’histoire des routes est aussi l’histoire d’un imaginaire inépuisable qui fait naître les royaumes fabuleux : les empires du mirage. 

Il y a les routes des mythes et des récits fabuleux : les routes des Marchands, faussaires, ambassadeurs, mystiques, conquérants qui s’y risquent et reviennent toujours autres. 

Toute une mythologie pleine de songes, porteurs de messages divins, raconte comment voyage la foi. Les dieux voyagent, les hommes les cherchent. 

A chaque passage de relais se perdait un peu de vérité où se déformait un peu d’information. Au moyen - Age les premiers explorateurs se lancent par voie de terre et de mer. Marco Polo s’est arrogé un quasi monopole des rêves, alors qu’il y a bien d’autres explorateurs. 

  

Tenir sous silence les conquêtes d’Alexandre de fin du IVème siècle av JC n’est pas correcte. Garder en mémoire ses crimes, comme ceux de tous les conquérants, il le faut ; mais dans un autre registre d’idées. Son passage et ses accompagnateurs ont facilité les contacts entre l’orient et l’occident, il est noté qu’il était l’incarnation du brassage culturel. 

A son époque, la culture Hellénique s’est transmise à l’Asie par un courant d’hommes, d’idées de techniques, de tendances artistiques et de formules architecturales, ainsi que dans les domaines comme le théâtre, la poésie, la musique et surtout la langue et la littérature. 

  

Alexandre était accompagné de savants qui ont rencontrés des philosophes asiatiques et les idées ont été rapportées en Grèce. Peu après l’invasion de l’Asie par Alexandre, l’Asie centrale fut reliée à l’Inde par une route de 4200 km que construisit la dynastie Maurya. 

Les influences culturelles se répandirent le long des vallées de l’Inde de l’Asie centrale et les fouilles ont montré à quel point l’art et l’architecture de cette époque s’inspiraient des traditions variées. 

Le grand empire d’Alexandre se désintégra en petites unités qui comprenaient les Grecs de Bactriane, les Sogdiens, les Parthes, les Scythes et plus tard les Sassanides. L’intensité commerciale s’intensifia avec le progrès des connaissances et encouragèrent les savants bouddhistes, zoroastriens, manichéens et autres missionnaires à emprunter la route de la soie. Et voilà, il faut le savoir ! 

  

Une autre légende veut que la route de la soie commence à Xi’an ; capitale de l’empire chinois des Han ; en 139 avant notre ère. L’empereur aurait demandé à Zhang Qian  d’ouvrir une route vers l’ouest avec pour mission de faire des alliances avec les pays de l’ouest, pour combattre les Huns qui les menacent en permanence. Il noue des contacts avec une trentaine de royaumes dont Samarkand, Boukhara, la Perse et le Royaume de Ferghana, qui est connu pour la race de ses chevaux. 

  

C’est le départ de nombreuses caravanes pour se les procurer. Les riches vêtements, tissés dans le fil de soie, servent d’échange. La soie n'était pour les Chinois qu'une monnaie, pour payer les chevaux et les expéditions. 

Suite aux expéditions, des caravanes régulières ont continué d'emprunter ces routes et d'autres échanges se sont faits pendant des siècles : religieux, scientifiques, commerciaux, culturels, ..., de Pékin à l'Inde, à l'Asie Centrale, à la Perse, à ... Rome. 

  

Cette appellation « de routes de la soie », est relativement récente, car elle remonte au milieu du 19e siècle quand le Baron Ferdinand Von Richthofen, un géographe allemand désigna ce réseau de commerce et de communication du « Die Seidenstrasse ». Le terme, utilisé également au pluriel, qui suscite l’imagination de chacun car il évoque un certain mystère. L'intérêt pour la soie reste une évidence. 

  

Retenons que le symbole de la "route de la soie", est le cheval ailé de Ferghana : Un oiseau sous le sabot arrière droit. 

  

Nous avons déjà eu connaissance que ces routes remontent bien plus loin que ces quêtes de chevaux, à l’époque où, au troisième millénaire avant JC, la Chine allait chercher son Jade loin hors de ses frontières. 

  

Dans le courrier de l’Unesco, on peu lire : «  La route de la soie a apporté une contribution précieuse à la civilisation humaine ; en effet, outre les commerçants et leurs marchandises, elle a aussi  été parcourue par les créations de la pensée, du savoir-faire et de l’imagination humaine. » 

  

   -   A partir du  VI è siècle avant JC avec  l’empire perse achéménide aux conquêtes d’Alexandre au  IV siècle avant JC 

    -   Du VIème siècle au XIII les tribus Turques –Arabes- Mongoles sont passés, soit par la voie des armées conquérantes, soit par migrations massives de populations 

     -  La route a contribué  à donner à des régions entières leur caractère politique, ethnique  et religieux. 

  

 Il y eu les Marchands à la base de la transmission des idées, des croyances des légendes et des œuvres d’art. Leur importance égalait celle des lettrés et des missionnaires, vu qu’ils étaient des intermédiaires. 

 Il y eu les usagers de la route en partance pour leurs lointaines expéditions, qui devaient avoir des connaissances linguistiques, ou faire appel à des interprètes nécessaires, pour l’administration du commerce et les tractations diplomatiques. 

 Il y eu les caravanes qui circulaient depuis la Chine vers  l’Asie Centrale,  de la steppe Russe jusqu’à la Mongolie, 

  

La route de la soie n’est pas qu’un mirage…… 

  

Des découvertes dans les grottes de Mogao mettent à jour des documents les plus anciens et  Les plus importants au monde : le plus ancien texte daterait de 406 et le plus récent de l’an 1000. Ils proviennent de Chine et du Tibet et de toutes les cultures installées sur la route de la soie. A côté des textes bouddhistes il y avait des écrits chrétiens, juifs manichéens  et mazdéens. 

  

La religion mazdéisme provient de perse ainsi que le zoroastrisme, il s’est diffusé en Chine au Vème siècle avant d’être supplanté par l’islam. 

Le manichéisme se répandit dans les oasis, malgré le christianisme  il voyage jusqu’en en Chine dans les grandes villes. 

Le nestorianisme suit les itinéraires des caravanes jusqu’en Chine ; leur première église fut consacrée à Xi’an. 

  

Pendant longtemps ces différentes religions vont se développer parallèlement  jusqu’à l’expansion de l’islam, qui se sert également de la route pour conquérir l’Asie centrale. 

  

Les échanges provoquent aussi la pratique de l’art, de la  musique, les comédies littéraires qui  permettaient  de vaincre les difficultés  linguistiques. 

Les rencontres entre hommes de sciences, de lettres, du génie, philosophes, religieux créent un creuset de connaissances et de techniques nouvelles, qui se transmettent par le biais de tous ces marchands et gens du voyage. 

De Chine vers l’orient et de l’orient vers l’Asie centrale. 

  

Mettons en évidence ces échanges : 

                 -   la technique de fabrication du papier transmise aux arabes véhiculée vers  l’Europe 

                 -   l’imprimerie et la poudre à Canon. 

                 -   la technique d’imprimerie véhiculée vers  l’occident accéléra la transmission du savoir dans le monde. 

                 -   les techniques dans le procédé de fabrication  de la porcelaine et l’apport de styles nouveaux 

                 -   la sériciculture, l’art d’élever des vers à soie pour obtenir du fil naquit en Chine. La soie était si importante que le   procédé de fabrication en était protégé. 

                 -   les bouddhistes amenèrent  la médecine indienne en Chine. 

                 -   les Arabes devinrent les intermédiaires d’un dialogue qui allait de la Chine à l’Europe, ils suscitèrent  de nouveaux horizons en science et en philosophie. 

                 -   des savants musulmans et chinois échangèrent leurs observations astronomiques et collaborèrent  dans le développement scientifique  politique et religieux. 

                 -    d’occident vers l’Asie centrale, sont venues de nouvelles découvertes en mathématiques –médecine-astronomie qui se sont rependues. 

  

En conclusion, 

         -  nous vivions pendant ces millénaires,  une première mondialisation, grâce à la transmission des idées et des techniques qui voyageaient dans les 2 sens. 

         -  puis, au XVème siècle la Chine se ferme. L’Asie centrale est déstabilisée, la route se vide de ses caravanes, les Turcs contrôle le trafic, la soie ne se monnaie plus. La Chine perd son monopole. 

          -  la route de la soie se transforme et devient maritime, les savoirs changent de moyens de communication, les dieux sont à quai, les mythes ne sortent plus des oasis, ni des bibliothèques ; d’autres circuits prendront le jour, les aventures chimériques commencent alors dans les océans. 

          -  il est bon de s’attarder sur le réseau des différentes routes, il a accompagné les artistes et les marchands, partagé le savoir des bouddhistes, des zoroastriens et manichéens, il a abordé l’islam et le christianisme en chantant en dessinant en racontant en écoutant. 

      

  

      Grâce Garcet.

 

 



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