Philosophie - Le bien commun est-il définissable, universel ? Quid du bonheur ?, Louis Ledonne

Le « bien commun » est-il définissable ?

Ainsi pour beaucoup de philosophe (Amartya Sen, Martha Nussbaum), il n’existe pas de vérités définitives. La philosophie libérale dit que l’homme est la mesure de toute chose ce qui débouche sur la thèse radicale de l’indifférenciation des normes. C’est la communauté nationale, à travers ses représentants, qui va déterminer les lois qui pourront faire émerger ce bien commun, non seulement l’épanouissement du plus grand nombre possible de citoyens, mais aussi une forme d’équilibre social propice à des relations harmonieuses. L’idée selon laquelle des experts serait en mesure de prendre une bonne décision sur tel ou tel sujet relève d’une conception purement technicienne des sociétés humaines, une conception (bonne gouvernance) qui tendrait à évacuer le politique et à minimiser la question des valeurs au profit de l’efficacité. 

 

Mais le « bien commun » peut-il être universel ?                                                    

C’est le grand débat (notamment suite à l’influence des anthropologues) entre l’idée universaliste d’une possible entente entre les hommes et la conception de la tolérance par rapport aux identités et aux exigences communautaires.

 

Une société libérale est une société opératoire. Chacun est amené non pas à avoir une conception particulière de la vie bonne mais à déterminer sa propre conception d’une existence accomplie. Mais l’idée libérale selon laquelle l’interaction des intérêts privés finit par produire un équilibre global dans lequel la société gagne et s’enrichit passe à coté de quelques problèmes majeurs.

 

Pour  moi il est possible de  s’engager à la fois pour la diversité culturelle des groupes humains  et des droits humains universels.

 

Car si les êtres humains ont tous les mêmes droits, c’est qu’au-dessus des droits définis par une participation active à la vie politique, sociale ou culturelle, qui sont par définition des droits particuliers, il existe des droits fondamentaux partagés qui correspondent à la capacité des êtres humains de créer et de transformer non seulement leur environnement mais eux-mêmes et l’interprétation qu’ils donnent de leurs pratiques.

 

Ainsi des « valeurs substantives partagées » et « biens sociaux communs » comme création collective continuée représentent une condition sine qua non quant à la possibilité même de délibérer sur les critères du juste et de l’injuste au cours du cheminement historique.

 

C’est dans cette optique que l’on arrivera à pouvoir proposer une définition d’un « socle de valeurs communes » à toutes les régions du monde, et qui feront l’objet de la  création de sphères de  « Sociétés Civiles » institutionnelles propres à ces pays.(voir mon livre : Un monde plausible)

 

Car (et c’est notre thèse) ce Bien commun peut être subsumé à une totalité englobante, transcendantale : un substrat de valeurs partagées qui ne sont pas nécessairement toutes identiques d’une région à une autre et qui à la fois donnent sens et sont condition de sens.

 

Le « bonheur », quant à lui, est fort ambigu : nous considérons qu’il ne peut être défini qu’à l’échelle individuelle, chacun s’en faisant une idée différente. Et quiconque prétendrait évoquer un bonheur collectif serait immédiatement soupçonné de tentations totalitaires.

 

La question du bonheur reflète donc l’impossible articulation entre individuel et collectif dans des sociétés qui sont venues à considérer l’individu comme une entité sans lien avec ses semblables et s’inventant soi-même à l’envi, dans une radicale indétermination.

 

Pourtant l’isolement, la destruction de tout lien social, la déstabilisation de toutes les structures traditionnelles qui fournissaient des points de repères aux citoyens, les rattachant à une généalogie, une culture, une histoire, tout cela n’est jamais analysé comme des éléments permettant d’expliquer le malaise de plus en plus tendu dans nos sociétés.

 

Ce qui implique qu’un système épanouissant serait celui qui implique un équilibre entre individuel et collectif, entre protection et responsabilité, entre redistribution pour combler les inégalités et encouragement pour pousser les plus entreprenants à se dépasser.

 

De même qu’il serait dommageable de laisser crore qu’une société fondée sur la concurrence,  l’individualisme absolu, l’absence totale de sens civique, et finalement la guerre de tous contre tous puisse permettre au plus grand nombre d'être heureux, quelques soient les critères de ce bonheur.      

 

 Louis Ledonne.
 

  

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