Les conditions de l’action publique participative au sein de la Société civile sont simples : aucune entité (institution, média, organisme, entreprise, parti politique . . .), aucun citoyen ne doit être en situation de monopole sur l’information ou la production d’idées.
Un écosystème de citoyens critiques et compétents dans ses différentes sphères doit est prêt à butiner toutes sortes de sources, à opérer toutes sortes de croisements de disciplines pour détecter et faire émerger les problèmes.
Cet écosystème, pour fonctionner efficacement, doit être abreuvé de données et informations fournies par l’Etat. Le débat contradictoire entre les différentes sphères d’acteurs-citoyens organise le tri entre les idées de manière positive, en nettoyant le savoir collectif des idées fausses, manipulées ou obsolètes.
Organiser un débat en groupes pour pallier aux déficiences démocratiques est un objectif réalisable : les acteurs concernés peuvent se faire aider par des milieux universitaires et académiques, des groupes de réflexions issus de la démocratie participative, des ONG, des scientifiques, des experts . . . puisque le pluralisme ouvert en est le principe organisateur.
Mais il faudra éviter la pensée de groupe, qui se construit, au fur et à mesure que les travaux avancent, ne finisse par convaincre tous les membres de l’équipe d’avoir raison. Pour faire pièce à cette logique de consensus qui n’est pas de facto le reflet de la réalité des problèmes, il faudra notamment, organiser une saine concurrence entre les différents groupes qui doit se fondre sur trois principes : gratuité des idées, transparence des méthodes et libre accès à l’information.
Plus précisément, cette lutte contre les rentes d’accès à l’information n’est pas seulement une question de justice, mais aussi d’efficacité et ce pour deux raisons. Premièrement, lorsqu’il y a des restrictions, ce ne sont pas nécessairement les meilleurs qui ont l’information la plus complète. Deuxièmement, l’analyse d’un problème, d’une action à entreprendre, d’une régulation à établir nécessite souvent plusieurs regards croisés, avec des grilles d’analyse différentes.
Sur cet aspect de transparence, les politiques, s’ils veulent s’avérer crédibles dans leurs discours, doivent donner l’exemple et se soumettre à des normes éthiques civiles en matière de conflits d’intérêts auxquels ils peuvent être soumis ( notamment leurs différents mandats, leurs revenus en provenance du secteur privé . . .).
Pour ce qui est de l’économie par exemple, nous avons aujourd’hui de bonnes statistiques en macro-économie mais peu de données en micro-économie, c.-à-d. non agrégées ; or celles-ci sont cruciales pour que notre société puisse se scruter elle-même avec objectivité. Les technologies statistiques permettent de découvrir de nouveaux champs d’intervention publique, d’évaluer les dispositifs existants, de prédire la performance de politiques futures.
Par ailleurs, avec un recherche pertinente et non biaisée intellectuellement sur Internet, il est possible à l’heure actuelle de recueillir de l’information dans tous les domaines relevant de la vie publique et chaque citoyen (ou groupe de citoyens) peut y exercer son sens critique. Il existe des sites sur lesquels ces informations peuvent être vérifiées.
Il faut faire de l’accès à l’information un droit, sur le modèle du Freedom of Information Act voté aux Etats-Unis en 1996. Il ne s’agit pas d’aboutir à une société hyper contrôlée, mais à une société hyper réflexive, consciente de sa propre structure, de son propre fonctionnement et prête à le remettre en cause à tout moment.
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