Littérature - En ces temps de fête, Louis Ledonne

En ces temps de fêtes : et si l’on rentrait en soi ?
Le pessimisme actuel . . .
Pour organiser le pessimisme, encore faut-il partir de ce qui est, et non d’un niveau d’engagement tel qu’on le souhaiterait ou de la chimère d’un peuple constitué ou en harmonie. Le peuple, les citoyens fonctionnent en politique comme autant de fantasmes de masses homogènes.
Dans une société parcellisée par des décennies de déstructuration des liens sociaux, on peine à trouver une classe pour soi, c’est-à-dire consciente de son appartenance commune. Si celles-ci existent dans le monde militant, nous sommes aujourd’hui pour beaucoup en refus de structures. Or pour être sur le devant de la scène et apparaître comme corps social, il nous faut des bannières communes.
Un spiritualité à soi . . .
"Le refus de parvenir(mettre un arrêt à nos égos) , le cesser de nuire, et la dignité du présent (aller vers le petites choses que l’on peut améliorer)" pourraient contribuer à une telle matrice en nous fournissant un triptyque à la fois politique et éthique. Cela permettrait de commencer à répondre à l’angle mort du « spirituel » en politique - non dans son sens religieux - mais comme exploration entre l’intériorité et l’extériorité et mise en rapport de soi à un tout plus grand. Une sorte de chemin intérieur qui favoriserait le passage à l’action.
On est très frileux, dans nos pays occidentaux, et suite aussi à l’héritage du rationalisme dogmatique de Platon, de mettre en avant l’expérience du sensible, prompte à travestir l’appréhension du réel, une espèce de pseudo-connaissance. Cependant en évacuant d’emblée émotions et valeurs (ou principes) , on se prive d’une réflexion d’ensemble et essentielle sur notre société.
Revoir nos certitudes . . .
Somme nous prêts à revoir nos certitudes qui nous ont été bien souvent inculquées : le mythe du progrès associé à la croissance économique, la foi en la technique pour nous sauver, la supériorité de l’homme sur la nature et la possibilité illimitée d’y puiser.
Certes, la situation nécessite de revoir le système économique et l’organisation de la société mais cela suppose aussi un changement individuel : non seulement pour questionner la morale communément admise mais aussi pour se munir d’une éthique, une sorte de réflexion argumentée pour le bien agir.
Retour sur les philosophes . . .
Hans Jonas parlait en son temps du « principe de responsabilité », dans sa foulée ne devrait-on pas réfléchir à une théorie de l’effondrement associée au projet politique, ancrée dans le réel ? Faute de quoi nous laisserions le champ libre aux dérives sectorielles qui ont déjà cours, le nombre des égarés en souffrance ne cessant d’augmenter. Faute de quoi, nous risquons les mêmes erreurs du passé, fondées sur une vision du monde erronée. Or cette éthique-là aura du mal à se tourner vers l’extérieur si un minimum de reconnexion à soi et d’introspection n’ont pas été menés.
Des petits gestes à la transformation politique . . .
Les petits gestes individuels pour le climat , sans oblitérer la nécessité d’une révision politique à un échelle plus large, gardent leur utilité comme premier pas vers un parcours de « radicalisation politique ». On ne passe pas de la conscience de l’urgence climatique au sabotage d’un chantier. Il est primordial, dans la période actuelle, d’ouvrir des espaces de transformations, pensés comme des sas vers une nouvelle organisation du politique.
Ainsi la triade « le refus de parvenir », » cesser de nuire », « dignité du présent » peut constituer un élément de réconciliation entre des univers qui n’en finissent plus de s’opposer : conservateurs/progressistes, apôtres du changement individuel/ partisans de l’action collective, néolibéraux/écologistes . . .
Comme l’écrit Loi Aragon : « Quand les blés sont sous la grêle/ Fou qui fait le délicat / Fou qui songe à ses querelles / Au cœur du commun combat, un rebelle est un rebelle / Nos sanglots font un seul glas »
Bonnes fêtes à vous tous et le meilleur pour le temps qui vient
Vous, Gaetan Ledonne, Bruno Clerckx et 12 autres personnes
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